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L’agile est mort, vive l’agile !


Dans un article paru sur le site web de 'Le Monde', l’auteur met en avant un paradoxe : la méthode agile, de plus en plus plébiscitée en entreprise, ne correspond pas à ce que les jeunes recherchent dans le monde du travail.


Cet article n’a pas vocation à décrire ce qu’est (ou n’est pas), la méthodologie agile. L’objectif est d’essayer de comprendre d’où vient ce paradoxe et d’ouvrir des pistes de réflexion pour y répondre.


Dans l’avant-propos du livre « l’art de devenir une équipe agile » de Claude Aubry, on peut lire :

« une équipe n’est pas agile par essence, elle le devient ».

On pourrait aisément remplacer le terme « équipe » par entreprise dans cette phrase. Certes, il est plus facile d’installer l’agilité dans une équipe que dans toute une organisation, mais les codes de cette dernière auront nécessairement un impact sur la manière dont sera déployée l’agilité dans cette équipe.


Pour revenir à l’article paru dans Le Monde, l’auteur se base sur l’expérience de jeunes adultes ayant récemment intégrés le monde du travail et qui partagent leurs ressentis sur un groupe Facebook. Un des running gag est que le manager demande à son employé s’il a « pris son après-midi » lorsque ce dernier part à 19h. De tous les articles que j’ai pu lire sur l’agilité, aucun ne dit, même implicitement, que cette méthode requiert de travailler au-delà du raisonnable.


L’agilité est une méthodologie "ouverte", mais qui implique que les principes de base et les règles soient fixées conjointement et partagées


Ne pas connaître ces grands principes peut effectivement aboutir à des difficultés. Par exemple, « travailler » en agile sans savoir ce que fait un "PO" (Product Owner) peut amener à un problème de positionnement et à des prises de décision peu efficaces. De même, ne pas savoir ce qu’est un Sprint, et les "rituels" de décision que cela implique, peut mener à un problème de projection dans le temps : quels jalons d’avancement ?


Finalement, la base de la méthodologie agile pourrait être résumée ainsi  : répondre à la question « qui fait quoi, quand et comment  ? ».


Alors que les Qui, Quoi et Quand s'imposent d'eux-mêmes, il manque souvent une question fondamentale  : comment ? A cette question, l’agilité n’apporte volontairement pas de réponse. Je cite ici à nouveau le livre de Claude Aubry : « Le Manifeste agile (élaboré par 17 spécialistes du génie logiciel en 2017 et qui ne contient que 78 mots) ne donne pas d’indication sur la manière de faire ».


Alors, quelle réponse apporter à ce « Comment » ? Tout simplement : ça dépend. Cela dépend en effet de l’objectif qu’a l’équipe ou l’entreprise : est-ce la conception d’un nouveau produit ou service ? Est-ce destiné à l’interne ou à l’externe ? Le comment doit être décidé conjointement et adapté au projet, à l'équipe, à l'organisation. Mais dans tous les cas, les règles du jeu sont fixées à l'avance.


Si la méthodologie agile est a priori destinée à des « sachants », des personnes connaissant a minima ses bases, elle est souvent mise en avant par des profanes. La popularisation de l’agilité au cours de ces dernières années a conduit à sa récupération sous forme de « fourre-tout ». Il s’agit sans doute du revers de la médaille d’une méthodologie ouverte.


En effet, il est aisé de faire passer sous le couvert de l’agilité certains aspects les moins enviables de l’entreprise. Ces dérives ont conduit à l’émergence d’un nouveau concept : le faux-agile, qui se résume par le sigle IMPRO (Ignorance, Misonéisme, Peur, Ratatinement, Orgueil). C’est finalement ce faux-agile qui est à la fois craint et critiqué par une jeunesse qui, elle, est bien agile. En effet, la méthodologie agile, dans son principe de base, doit aider à s’adapter au changement, et non faire craindre une « injonction à la transformation permanente ».


Chez Qixi, nous croyons que l’agilité a encore de beaux jours devant elle. Et plutôt que de se cacher derrière une fausse agilité, pourquoi ne pas assumer ce qui est attendu dans une organisation ? S’il est attendu d’un employé que sa charge de travail est élevée (dans le respect du droit du travail bien entendu 😊 ), autant l’assumer, lui donner les moyens d’y faire face, mettre en place des mesures incitatives, plutôt que revendiquer, à tort, l’agilité.

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